sábado, 5 de fevereiro de 2011

Por acaso já viram este filme??

Délation, compassion, mépris social
Les faits divers, ou le tribunal implacable des médias

Depuis des mois, la lutte contre la pédophilie, le terrorisme ou l’antisémitisme a conduit la plupart des médias à stigmatiser des crimes imaginaires et à accabler des innocents (affaires d’Outreau, du bagagiste d’Orly, du RER D). La presse sacrifie les informations importantes pour donner une large place à ce traitement de plus en plus irresponsable des faits divers. Pourra-t-elle se défausser indéfiniment de ses travers mercantiles sur des juges, des policiers ou des élus ?

Par Gilles Balbastre

Le 19 mai 2004, devant des dizaines de caméras, dont celle du journal de 20 heures de TF1, l’huissier de justice Alain Marécaux s’écroule en pleurs à la sortie du tribunal de Saint-Omer. Le moment est bouleversant : « J’ai tout perdu dans cette affaire. Vous savez... on a volé mes enfants. Ils ont tué ma mère. J’ai dû vendre mon étude... vendre ma maison.... J’ai plus rien... Comment voulez-vous... » Le revirement à l’audience de sa principale accusatrice transforme soudain cet homme en héros, victime, selon la presse unanime, de la « faillite du système judiciaire », d’experts psychologues « partiaux », d’assistantes maternelles « irresponsables », et même de la parole des enfants « manipulés ». A ce moment précis, qui se souvient encore que, deux ans plus tôt, le 11 janvier 2002, un 20 heures de TF1 accusateur montrait à 9 millions de téléspectateurs la maison de ce même Alain Marécaux et de sa femme, incarcérés à la suite de ce qui, à l’époque, était présenté comme une affaire de pédophilie monstrueuse ?

Le Figaro du 20 mai 2004 s’apitoie sur le sort du chauffeur de taxi Pierre Martel : « Avant “l’affaire”, il menait une existence paisible entre sa famille et sa passion pour le golf. (...) Il a été mis en examen pour six viols sur mineurs. On l’a aussi accusé d’avoir conduit des enfants en Belgique pour des séances pédophiles dans une ferme. » Ce « on » accusateur vise en fait... Le Figaro du 1er janvier 2002. Car le quotidien évoquait alors « un chauffeur de taxi qui conduisait les petites victimes dans une ferme en Belgique, près d’Ypres, où se déroulaient les soirées spéciales enregistrées par deux propriétaires d’un sex-shop d’Ostende ». A la liste brandie par les médias des responsables de la souffrance de ces « accusés à tort » manque la profession de journaliste (1).


Car autant, dans ce qu’il convient d’appeler l’« affaire d’Outreau », il est légitime de s’interroger sur l’instruction du juge Fabrice Burgaud – ce dont ne se privera pas la presse dans son ensemble –, autant il aurait été nécessaire de soumettre à la critique le travail de l’immense majorité des médias. A part quelques très brumeuses mises en cause de la « pression médiatique », promptement associée à la « pression de l’opinion publique », nul n’a souligné la duplicité de la presse. Les anciens accusés devenus victimes sont trop occupés à se remettre de leur traumatisme ; les avocats comme les responsables politiques, trop dépendants de la publicité médiatique ; les professions mises à l’index, trop apeurées par le pouvoir accusatoire des journalistes.

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